Avant de lire… L’épée, la famine et la peste (tome 1)

Arachnophobes, passez votre chemin ! Car ce roman, d’araignées, il en est plein. Mais ce serait passer à côté d’une belle histoire. Alors, peut-être faut-il oser se lancer ? Peut-être ce livre va-t-il vous réconcilier avec ces petits octopodes…

En effet, Aurélie Wellenstein nous propose d’arpenter des terres ravagées par les araignées. Des villages entiers entoilés, ses habitants encoconnés, des femmes-araignées pourchassées par une inquisition impitoyable (ne serait-ce pas un pléonasme ?) et l’esprit des hommes colonisés par les araignées qui viennent y tisser des toiles insidieuses et des idées noires… Dans cette ambiance de fin du monde, le destin va amener trois parias à s’unir pour survivre : un ancien soldat, inquisiteur déchu, un garçon possédé par l’esprit d’un loup et une jeune fille accusée d’être une taranta.

Une des forces du roman vient des personnages qui sont bien construits et suivent une trajectoire intéressante. Aurélie Wellenstein aime travailler la psychologie de ses protagonistes et cela se ressent. Ils sont attachants et crédibles. Bien qu’ils aient leurs propres traumatismes et des parcours antérieurs différents, une belle relation va se nouer entre eux et cela va permettre de faire émerger des choses positives dans ce monde qui se révèle être très sombre.

L’histoire prend place dans un univers de fantasy médiévale assez classique. Le contexte historico-géo-politique (ou géo-politico-historique) est convaincant mais n’est pas très approfondi, ce qui ne donne pas forcément l’impression d’un univers vivant, complexe et dynamique. Le décor (au sens large) est suffisamment décrit et détaillé pour permettre une bonne immersion mais on sent vite les limites de l’univers. Lorsqu’on essaye de se projeter dans l’espace ou dans le temps, on se heurte à des barrières invisibles, un peu comme dans un jeu vidéo où l’on sait qu’au-delà d’un mur, c’est le vide parce que les développeurs n’ont pas codés l’environnement. Ce n’est donc pas le point fort de ce roman mais, comme je l’ai dit, cela n’empêche pas pour autant de vivre intensément l’histoire qui est racontée. L’autrice l’a reconnu elle-même dans un entretien en disant que la création d’univers n’était pas sa spécialité. On lui pardonne bien volontiers puisqu’elle se rattrape avec talent sur d’autres aspects.

Avec les tarantas, ces femmes-araignées (qu’elles le soient réellement ou pas), Aurélie Wellenstein retravaille le thème de la sorcière et traite du statut des femmes, de la façon dont elles peuvent être accusées de tous les maux de la société et persécutées lorsqu’elles tentent de faire valoir leurs droits et aspirer à la liberté. En cela, le personnage d’Erin est sans doute celui qui m’a le plus intéressé. On retrouve aussi dans ce roman la sensibilité particulière de l’autrice à l’égard des animaux, et plus précisément des bêtes (oui, je chipote mais les hommes sont des animaux). En effet tous ses précédents romans mettent en scène, d’une façon ou une autres, des bêtes (à l’exception de Yardam, je crois). Et ce roman n’échappe pas à la règle avec la présence marquée des loups, des araignées et même d’un cerf qui est un personnage à part entière.

Dans l’ensemble, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. L’écriture d’Aurélie Wellenstein est de qualité : la narration est efficace et l’immersion quasi immédiate. Les scènes de combats, relativement nombreux, sont bien écrites et sont fluides. Cependant, je n’ai pas pour autant trouvé une « patte » particulière. Le roman est bien écrit, sans aucun doute, mais il manque peut-être d’un petit plus, un je-ne-sais-quoi, qui lui aurait insuflé un peu plus de personnalité. Par exemple, Justine Niogret a su le faire avec son roman Chien du heaume grâce à une écriture qui lui est propre. Dans le roman d’Aurélie Wellenstein, je n’ai pas été autant marqué par le style. Mais ne soyons pas trop dur, je le redis, le roman reste très bien écrit et très agréable à lire.

En conclusion et malgré les quelques points négatifs de cette critique, mon ressenti est globalement très positif. Pour preuve, je lirai avec grand plaisir le second tome à sa sortie. Je recommande donc ce roman à celles et ceux qui veulent vivre une belle aventure, avec son lot de combats et de tragédies. Rendez-vous en 2023 pour la suite !

Remarque : Ce roman m’a été envoyé par les éditions Scrineo dans le cadre d’une opération Masse critique privilégiée de Babelio. J’ai accepté car je souhaitais découvrir Aurélie Wellenstein et parce que ce roman pouvait me plaire. Je ne me suis pas senti obligé d’encenser le livre, ma critique est restée la plus honnête et la plus sincère possible.

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