Avant de lire… Petit Pays

À l’instar de Of Mice and Men de John Steinbeck et de L’étranger d’Albert Camus, Petits pays fait partie de ces romans « coup de poing » qui m’ont bouleversé et que j’ai refermé en étant profondément marqué. C’est un des rares livres (voire le seul?) qui m’a mis les larmes aux yeux à plusieurs reprises. Le sujet traité (le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994) est évidemment terrible et dramatique par nature mais c’est surtout la qualité de l’écriture de Gaël Faye qui a su traduire avec finesse et sensibilité toute l’absurdité et le tragique de cet évènement à travers des portraits d’hommes et de femmes dont le quotidien vole en éclats lorsque le tourbillon de l’Histoire frappe brutalement à leur porte.

Et pourtant, je n’ai pas entamé le livre l’esprit vierge, sans a priori et sans attente. On m’avait beaucoup parlé de ce roman, en des termes très élogieux, je m’attendais donc à lire un roman marquant et j’attendais donc d’être bouleversé. Ce n’est jamais une bonne chose d’entamer un livre avec de telles attentes car il est bien difficile de se départir de ces a priori et d’être objectif par la suite. Par ailleurs, j’avais visionné une partie de la (mauvaise) adaptation cinématographique du roman et ces images m’ont malheureusement accompagné au cours de la première partie du livre, ce qui m’a quelque peu empêché d’apprécier les premiers chapitres à leur juste valeur. Mais en fin de compte, le roman a eu raison de tous ces obstacles et a su m’atteindre, me pénétrer et me mettre en pièce.

Gaël Faye manie avec talent les mots, c’est une évidence. Celles et ceux qui se sont intéressés aux textes de ses chansons s’en seront aperçu. Ses textes sont tantôt poétiques, tantôt tranchants, parfois légers et l’instant d’après d’une profonde gravité. C’est cette alternance, cet entrelacement, qui rend le récit si riche, intense et émouvant. L’auteur mêle avec beaucoup de subtilité la petite et la grande histoire, des petits instants du quotidien et des bouleversements à l’échelle d’un pays. On est entraîné malgré nous dans la descente aux enfers de ce petit pays desquels on ressort difficilement et pas totalement indemne.

Le succès de ce court roman est assurément mérité et je me joins aux centaines de milliers (aux millions ?) de lecteurs et lectrices déjà convaincues et recommande vivement la lecture de Petit pays de Gaël Faye.

P.S : Ne regardez pas le film avant ! (et même après, ce n’est pas indispensable…)

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