Avant de lire… Metro 2033

Comme beaucoup, j’ai découvert l’univers de Metro 2033 en jouant au jeu vidéo sorti en 2010 et ce n’est que bien plus tard que je me suis intéressé au roman de Dmitry Glukhovsky dont il est adapté. En cherchant les « grands romans » de la science-fiction moderne, je n’arrêtais pas de tomber sur ce titre, que ce soit dans les rayons des librairies, ceux des bibliothèques ou dans les échanges d’internautes amateurs et amatrices de littérature SF. Et puis j’ai fini par me lancer, moi aussi, dans ce pavé un peu effrayant.

Effrayant, c’est bien le mot. Mais ce n’est pas l’épaisseur qui m’a le plus effrayé, non. C’est bien l’ambiance du métro moscovite, l’obscurité tellement profonde que la peur ne peut qu’envahir celui qui arpente les tunnels en apparence vides du métro, le poussant au bord de la folie. Un des points forts de ce roman est indéniablement son ambiance. L’auteur a su créer un climat de tension quasi permanente en décrivant en termes vagues des menaces invisibles, indicibles, à la manière de H. P. Lovecraft : la créature la plus effrayante n’est pas celle qui semble la plus agressive et mortelle, celle qui possède le plus grand nombre de dents ou de griffes, mais celle que l’on ne voit pas et dont on ignore la forme ou la nature. On peut également penser au premier film Alien dans lequel la créature ne se laisse pas voir (ou presque) de tout le film. Quand la menace n’est pas visible, elle peut être partout et nulle part à la fois.

Au-delà de l’ambiance très réussie, l’auteur a réussi à tisser une trame narrative intelligente et pertinente. Si parfois l’histoire paraît trop linéaire ou semble se perdre dans une succession de péripéties sans lien apparent les unes avec les autres, un fil rouge maintient l’édifice cohérent et aboutit à un final grandiose. À travers la mission du jeune Artyom qui quitte sa station périphérique vers le cœur de la nouvelle société humaine pour chercher de l’aide face à une menace venue de la surface, c’est une quête philosophique qui se joue dans le cœur et la tête du héros. C’est un jeune homme qui part à la découverte d’un monde, une terra incognita, en quête de sens. Quel sens cela a-t-il pour l’humanité de tenter de survivre dans les tunnels obscurs du métro alors que la civilisation humaine s’est auto-détruite à la surface dans une pluie de missiles nucléaires ? À quoi bon se terrer comme des rats et continuer de s’entre-déchirer pour une idéologie, un Dieu ou une parcelle de quai de métro ? Toutes ces questions accompagnent Artyom au cours de son périple et chaque rencontre nourrit ses réflexions et le fait mûrir.

Et pourtant, quelques points viennent noircir le tableau. Comme mentionné précédemment, on pourrait critiquer une forme parfois un peu linéaire et répétitive dans le schéma des événements. On peut également s’interroger sur l’absence quasi totale de personnages féminins dans le récit. La plupart du temps, elles ne sont qu’en arrière-plan du tableau à faire le ménage, préparer les repas et s’occuper des enfants. Et lorsque l’une d’elle a le droit à quelques lignes de paroles, l’auteur ne prend même pas la peine de lui attribuer un nom alors qu’il le fait quasiment systématiquement pour les personnages masculins, même ceux qui ne font que croiser brièvement la route d’Artyom. C’est donc très étonnant et vraiment dommage que l’auteur n’ait pas su (ou voulu) intégrer des personnages féminins à son histoire. Peut-être était-ce une façon de montrer la place de la femme dans la société russe d’aujourd’hui ? J’en doute… ou alors ce n’était pas suffisamment explicite pour que le message passe clairement.

En résumé, j’ai beaucoup apprécié ce roman et je pense que je prendrai plaisir à le relire un jour. Il est très dense et une seconde lecture ne sera pas de trop pour saisir toutes les réflexions que l’auteur a souhaité aborder. Je le recommande donc chaudement à celles et ceux qui n’ont pas peur d’avoir peur et qui n’ont pas encore arpenté les couloirs obscurs du métro moscovite…

Laisser un commentaire