Avant de lire… La Pierre Jaune

Depuis le 11 septembre 2001, nous avons pris conscience du potentiel destructeur d’un avion de ligne qui s’écrase sur un bâtiment civil. Et si cela se reproduisait en France ? Et si un avion s’écrasait sur une centrale nucléaire, ou plus précisément sur l’usine de retraitement de déchets nucléaires de La Hague ? Quelles seraient les conséquences d’une telle catastrophe ? C’est ce scénario qu’explore Geoffrey Le Guilcher dans son premier roman La Pierre Jaune. À cela, il mêle une autre histoire, celle du policier britannique Mark Kennedy qui a infiltré pendant sept ans sous le nom de Mark Stone différents groupes politiques de la gauche radicale en France et en Europe dans les années 2000. Ces deux sujets m’intéressaient beaucoup et j’ai entamé le roman avec beaucoup d’enthousiasme.

Tout d’abord, j’étais intrigué de découvrir cette France post-catastrophe nucléaire sachant que l’auteur s’était beaucoup renseigné pour que tout soit le plus réaliste possible et a même travaillé sur le sujet en tant que journaliste. Et en effet, les conséquences d’un accident nucléaire de cette envergure sont bien décrites, que ce soit sur les pluies acides, les différentes pollutions radioactives et les mesures à prendre pour éviter tout contact avec ces radionucléides. Pourtant, je suis resté un peu sur ma faim. Je ne sais pas vraiment ce que j’attendais ni ce qu’il m’a manqué mais le sujet ne m’a pas semblé être suffisamment approfondi pour être réellement marquant. Peut-être que cela vient de la brièveté de la période traitée (quelques mois seulement), ce qui ne permet pas d’appréhender les conséquences d’une telle catastrophe sur le moyen ou le long terme. Peut-être que cela vient de l’ambiance qui n’a pas été assez travaillée…

En ce qui concerne l’histoire du policier infiltré, il s’agit d’un choix judicieux puisque cela crée immédiatement une solide tension narrative. Va-t-il être découvert ? Va-t-il rester fidèle à ses engagements ou sympathiser avec celles et ceux qu’il infiltre ? Le récit est bien ficelé et je me suis très vite laissé emporté par l’intrigue. Mais, sur la forme, le style ne m’a pas particulièrement marqué. Bien que la lecture est fluide et qu’il n’y a pas de temps mort, l’écriture m’a semblé assez banale et manquer un peu de personnalité, de corps. Je regrette aussi le manque d’imagination de l’auteur qui a fait un copier-coller quasi parfait de l’histoire de Mark Kennedy (jusqu’à son strabisme divergeant). En me renseignant un peu plus sur cet homme, j’ai retrouvé beaucoup d’éléments directement recyclés par Geoffrey Le Guilcher dans son personnage. En ce qui concerne les personnages justement, ils ne m’ont pas paru suffisamment approfondis pour qu’ils soient bien identifiables les uns par rapports aux autres et qu’ils prennent véritablement vie. J’ai globalement retenu le nom et une ou deux caractéristiques pour chacun d’eux (par exemple, Nicolas le hacker) mais je ne suis pas parvenu à me les représenter mentalement avec précision et éprouver quelqu’émotion vis-à-vis d’eux.

Pour finir sur un point positif, il y a quand même une phrase qui m’a particulièrement plu : « Le deuxième cabot, un bâtard, est encore plus efflanqué. Ses côtes saillantes donnent l’impression qu’il a avalé un radiateur. » J’aime bien cette image d’un chien qui aurait avalé un radiateur, c’est bête mais ça m’a fait rire. Voilà, voilà.

En conclusion, je dirais donc que c’est un bon roman, agréable à lire et divertissant mais qui souffre de plusieurs défauts. Sur le fond, un potentiel narratif insuffisamment exploité et sur la forme, un style que j’aurais apprécié être un peu plus travaillé.

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