Avant de lire… Entends la nuit

Après avoir écrit de la fantasy burlesque dans le style de Terry Pratchett avec la série Quand les dieux buvaient, de la science-fiction avec Le goût de l’immortalité, et divers essais comme Le Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses, Catherine Dufour se lance dans le fantastique avec Entends la nuit, un roman publié en 2018 aux éditions L’Atalante. C’est le premier roman que j’ai lu de cette autrice, même si cela fait un certain temps que j’ai envie de lire Le goût de l’immortalité qui a été très bien accueilli et a gagné (entre autres) le grand prix de l’Imaginaire en 2007.

Le livre débute avec le retour à Paris de notre héroïne, Myriame, après avoir vécu quelques temps à Amsterdam. Elle est contrainte de revenir vivre chez sa mère qui est sortie victorieuse de la lutte contre un cancer mais a perdu son travail. Myriame doit accepter à contrecœur un emploi dans une grande entreprise pour faire de la « veille » sur internet. Rapidement, un de ses supérieurs s’intéresse à elle, lui propose un CDI et même un logement. Les choses vont alors vite devenir complètement irréelles…

Avec ce roman, Catherine Dufour nous propose une romance assez originale en rejouant une version décalée de Twilight et Cinquante nuances de gris, et nous emmène visiter Paris, à travers des lieux emblématiques comme des recoins cachés. Une atmosphère très sensuelle plane sur tout le récit et certaines scènes érotiques sont aussi réussies que surprenantes. On retrouve également la sensibilité de l’autrice au problème des conditions de travail dans le monde des grandes entreprises multi-nationales (surveillance, harcèlement, exploitation, etc.) et aux inégalités sociales (en gros, la lute des classes). C’est d’ailleurs une thématique sous-jacente du roman, même si cela n’apparaît pas toujours explicitement. Sur son site internet, l’autrice écrit d’ailleurs, à propos de Twilight et Cinquante nuances de gris : « quid de la dimension sociale ? Oui ou non, la pauvre et le riche peuvent-ils se rencontrer et s’aimer ? Entends la nuit tente de répondre à la question. Par la négative, bien sûr : personne n’est riche tout seul. Être riche, c’est appartenir à une caste, et celle-ci est exclusive et féroce« .

Le roman se lit très facilement : l’écriture de Catherine Dufour est plaisante (tantôt moderne et dans un style orale, tantôt plus soutenue et littéraire), l’humour est très présent avec une héroïne qui dit ce qu’elle pense (et ce qu’elle pense est généralement grossier) et le ton est dans l’ensemble assez léger. Les chapitres s’enchaînent avec une grande fluidité et on se laisse porter par le quotidien (qui devient de moins en moins banal) de Myriame. Si le début est un peu convenu, le développement est assez original et l’autrice a de bonnes idées. Et pourtant… je ne peux pas dire que j’ai vraiment apprécié ce livre, il ne m’a pas fait vibrer. C’est un roman sympathique, pas désagréable à lire, mais il manque un petit quelque chose pour que cela passe dans la catégorie au-dessus. Peut-être que le ton léger finit par atténuer l’impact des événements hors normes que vit l’héroïne, peut-être est-ce la réaction de Myriame face à ces événements qui n’est pas très crédible… je ne sais pas vraiment ce qui m’a manqué. Mais il m’a manqué quelque chose.

Je ne vais pas recommander ce roman comme je l’ai fait pour Hypérion ou Frankenstein. Ce n’est pas un chef-d’œuvre qu’il faut absolument lire, ni même un très bon roman qui mérite d’être lu, c’est juste un roman sympathique et distrayant, divertissant. Je pense que Catherine Dufour a tenté une expérience et qu’elle avait une idée bien claire de ce qu’elle voulait atteindre mais que, si l’objectif est atteint, elle n’a pas su lui insuffler ce petit quelque chose qui aurait rendu le livre plus marquant. Je suis sans doute un peu dur avec ce roman car il possède malgré tout des qualités mais je dois reconnaître qu’à partir de la moitié du livre, je l’ai terminé sans grande conviction, impatient de pouvoir commencer un autre livre.

Ceci étant dit, il n’y a pas de doute que Catherine Dufour a un certain talent pour l’écriture et j’ai bien l’intention de lire ses autres romans, à commencer par Le goût de l’immortalité.

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