Avant de lire… Le Silence de la Cité

Aujourd’hui, je vais chroniquer Le Silence de la Cité qui est le premier roman d’Elisabeth Vonarburg. Publié en 1981, il a été récompensé par plusieurs prix littéraires et sera suivi, une décennie plus tard, par le roman Chronique du Pays des Mères qui reprend le même univers et décrit des événements se déroulant plusieurs centaines d’années après. Les éditions Mnémos viennent tout juste de rééditer cet excellent roman et je les remercie de m’avoir ainsi permis de le découvrir dans une si belle édition.

Dans Le Silence de la Cité, la civilisation humaine a connu un fort déclin suite à des bouleversements dramatiques aux origines diverses : guerres et accidents nucléaires, épidémies et famines, pollutions et surpopulation… La Terre elle-même est méconnaissable : le changement climatique a entraîné des tremblements de terre, le réveil de volcans et les continents ont été remodelés par la montée des eaux. Pour survivre, une partie des humains s’est terrée dans des cités souterraines disposant de hautes technologies (traitement anti-vieillesse et robots) tandis que des communautés survivent à la surface sous forme de sociétés plus ou moins primitives. Au début du roman, nous faisons la connaissance d’Élisa, une petite fille issue des expériences en génétiques de Paul, un des derniers survivants d’une de ces cités qui tente de mettre au point une nouvelle lignée d’êtres humains avec des capacités nettement supérieures à la normale pour permettre à l’humanité de s’épanouir à nouveau et de survivre à la surface. Le roman nous fait donc découvrir le destin extraordinaire d’Élisa qui va devoir vivre avec le fardeau que son père/créateur a mis sur ses épaules.

La lecture de ce roman a été très plaisante. L’univers est intéressant et bien construit, même si les éléments nous sont révélés par petites touches. Le roman n’est pas monolithique et plusieurs changements d’environnement apportent de la fraîcheur dans la narration, de la nouveauté et du dépaysement. Le rythme est quant à lui bien équilibré, ni trop dynamique ni trop lent. Le style de l’autrice est également de qualité et celles et ceux qui ont lu Chroniques reconnaîtront rapidement sa façon d’écrire. Mais un des principaux intérêts de ce roman réside dans les thématiques abordées : le déséquilibre des naissances fille/garçon, les relations entre femmes et hommes, ainsi qu’un autre élément dont je ne parlerai pas pour ne pas gâcher la découverte. On pourrait d’ailleurs faire le parallèle entre Le Silence de la Cité et La Main Gauche de la Nuit d’Ursula K. Le Guin… Mais il y a aussi le thème du libre-arbitre, celui de la mort, du rapport à la technologie et aux manipulations génétiques. Bref, ce roman est très riche et invite à la réflexion sur de nombreux sujets.

Pour celles et ceux qui ont déjà lu Chroniques du Pays des Mères, un autre intérêt de taille que présente ce roman est de pouvoir découvrir les origines du Pays des Mères et de mieux comprendre les événements qui s’y passent. À vrai dire, cela donne même une toute autre vision de Chroniques. Ce qui me fait me poser la question suivante : faut-il lire d’abord Choniques, se faire une idée (potentiellement fausse) de l’histoire, lire ensuite Le Silence de la Cité et revenir à Chroniques avec un autre regard ? Ou alors est-il plus simple et direct de lire les deux romans dans l’ordre ? Après réflexions, je recommanderais de lire Le Silence de la Cité avant Chroniques. En effet, même s’ils sont relativement indépendants, le premier roman donne des clés de compréhension vraiment importantes pour appréhender les événements décrits dans Chroniques. J’avais trouvé le second livre un peu long et parfois difficile à lire et à comprendre. Je pense que la lecture aurait été plus aisée si j’avais commencé par Le Silence de la Cité. C’est d’ailleurs ce que recommande l’autrice dans l’entretien qu’elle a accordé à Lloyd Chéry pour le podcast C’est plus que de la SF. Enfin, j’ai trouvé le premier roman plus accessible que Chroniques : il est plus court et plus dynamique, la narration est plus linéaire et il y a moins de digressions, sans pour autant être moins intéressant. Je conseille donc de commencer par ce roman plutôt que par Chroniques si vous souhaitez découvrir Elisabeth Vonarburg.

En conclusion, je recommande vivement ce roman qui mérite largement son succès et les prix qu’il a reçus. Il se lit très facilement, il aborde des thèmes très intéressants et avec finesse, il est à la fois divertissant et stimulant intellectuellement… Bref, un bon roman de SF comme on les aime !

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